Les six défis du continent africain selon le Président Emmanuel MACRON

Présent à Ouagadougou dans le cadre d’une visite officielle de 72 heures, le Président français s’est adressé le mardi 28 novembre 2017 aux étudiants burkinabè à l’université Ouaga I Professeur Joseph KI- ZERBO. Il a étayé en six points ce qui semble être à ses yeux les grands défis du continent africain. Accompagné dans cette rencontre, par son homologue burkinabè, le Président français a aussi pris des engagements en faveur de la jeunesse du continent.

C’était un discours très attendu par les étudiants burkinabè qui n’ont laissé aucune place libre dans les travées de l’amphithéâtre « Union africaine » de l’université Ouaga I, le mardi 28 novembre 2017. Le Président MACRON entame son discours par un hommage au leader de la Révolution burkinabè de 1983, Thomas SANKARA, déclenchant ainsi des salves d’applaudissements d’une assistance réputée difficile. « Je ne suis pas venu vous dire quelle est la politique africaine de la France comme d’aucuns le prétendent. Parce qu’il n’y a plus de politique africaine de la France », enchaîne le Président français sous les ovations renouvelées d’un public conquis. Pendant plus de deux heures, le Président Emmanuel MACRON donnera sa lecture sur les relations que son pays, la France, voire l’Europe, doit tisser avec le continent africain. Il donnera également son opinion sur les défis auxquels le continent doit faire face pour gagner le pari du développement.

Le premier défi est l’immigration, avec les tragédies subies par des subsahariens ces derniers temps en Libye. « Les drames qui se déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l’humanité. Elles sont le fait ultime de la tragédie que nous avons laissée prospérer », s’est indigné le Président Emmanuel MACRON. Face à la question, il s’est dit porteur d’une initiative euro-africaine « pour mettre un terme à cette tragédie portée par tous ceux qui veulent notre destruction. Je proposerai que l’Afrique et l’Europe viennent en aide aux populations prises au piège en Libye en apportant un soutien massif à l’évacuation des personnes en danger », a-t-il déclaré.

Le deuxième défi du continent est selon lui la lutte contre le terrorisme. Dans la sous-région, la mise en place de la force conjointe du G5 sahel est pour le Président français un début de solution car cette force « a pour objectif de coordonner les forces armées des pays membres du G5, de pouvoir agir sur le terrain sur les zones frontalières les plus difficiles et de pouvoir répondre aux défis comme celui que vous vivez ici au Burkina Faso ». Il a souligné la nécessité d’accélérer ce travail lancé en juillet dernier pour remporter les victoires attendues. Le terrorisme est un « fardeau que nous partageons » a martelé le Président MACRON.

La troisième menace dont a fait cas le Président français sont les conflits politiques liées à la relecture des Constitutions et à la transparence des élections. S’il affirme ne pas avoir de leçons à donner aux dirigeants du continent au sujet de ces conflits internes, il a marqué son engagement à être aux côtés de « ceux qui travaillent au quotidien à rendre la démocratie et l’état de droit irréversibles. Je pense à ceux qui agissent pour l’éducation, les droits de l’homme, la justice, la liberté de la presse ».

Le quatrième péril du continent est l’obscurantisme, cette « emprise de l’extrémisme religieux sur les esprits ». Pour y faire face, le Président MACRON a invité les jeunesses à ne jamais se laisser entraîner dans la violence, la destruction, l’asservissement de la conscience des autres au nom de la religion. Pour lui, « toutes les religions sont construites sur des messages d’amour et de foi », même si elles ont des différences. Dans ce chapitre, le Président de la République française s’est engagé à accompagner les chefs d’Etat et de gouvernement africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire de la jeune fille. Sa conviction est toute faite : « il n’y pas de vecteur de progrès plus puissant pour une société que l’émancipation des jeunes filles ».

La question de la démographie était incontournable dans ses échanges avec la jeunesse estudiantine. Pour lui, la population africaine qui compte 70% de jeunes est une chance, mais aussi une immense responsabilité. Cela implique l’accès aux soins de santé pour tous, a noté le Président français qui s’est félicité du fait que son pays soit « le deuxième contributeur du Fonds mondial pour la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme ».

Le sixième défi énuméré par le Président français sont les changements climatiques. L’Afrique doit être à l’avant-garde des solutions à ce phénomène mondial qui ne concerne pas que les pays riches, a interpellé le Président MACRON. Et pour ce faire, le continent dispose de bonnes opportunités dans le secteur des énergies renouvelables.

Le chef de l’Etat français a aussi pris des engagements dont celui de financer la construction d’une maison des jeunes à Ouagadougou. Elle rassemblera, selon son vœu, campus France, France volontaire, des instituts de recherches, un incubateur pour les jeunes créateurs d’entreprises, tout ce qui est à destination de la jeunesse et qui lui permettra de réussir, d’étudier, d’entreprendre, de se projeter. Cette maison des jeunes devrait être inaugurée le 14 juillet prochain.

La France par la voix de son Président s’est aussi engagée à accompagner la révolution de l’innovation sur le continent. Elle apportera les 450 millions d’emplois dont l’Afrique a besoin d’ici à 2050 et la France sera au rendez-vous du financement avec plus d’un milliard d’euro, annonce le Président français qui, après sa déclaration, s’est prêté aux questions des étudiants pour aborder des préoccupations particulières avant de visiter la bibliothèque de philosophie.

La Direction de la Communication de la Présidence du Faso